30 ans de Crohn, 30 ans de sport : le témoignage de Vincent Sevaer !

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Vincent, adhérent à l’afa et participant au Trail Ultra Marin de Vannes, s’est livré à Anne-Marie Duguet, Déléguée du Morbihan sur sa pratique du sport avec une maladie de Crohn, cela à l’occasion de la journée mondiale des MICI où cette année l’activité physique est mise à l’honneur. Voici son histoire !

Je m’appelle Vincent Sevaer, j’ai 43 ans (44 début juillet) et habite à côté de Rennes (Ille-et-Vilaine). Je suis marié et père de trois garçons de 14, 12 et 9 ans. Dans la vie professionnelle, je suis cadre dans la fonction publique, dans le domaine de la cohésion sociale. Sur le plan de la santé, je suis atteint de la maladie de Crohn depuis mes 14 ans (1994). Après 6 années très compliquées et de nombreux traitements dont une intervention chirurgicale en 1995, ma maladie est désormais globalement stabilisée grâce au Remsima.

27 mai 1994, 14 ans : une hospitalisation de 4 jours. Mise en place d’une nutrition entérale continue. Un des premiers traitements, d’une longue série. Une maladie qui s’installe et vient perturber une vie simple d’adolescent : manquer des jours et des semaines au collège puis au lycée, refuser des invitations, adapter sa pratique sportive. Le Crohn m’a beaucoup pris durant ces années, mais j’ai été toujours décidé à le lui rendre.

S’il y a bien une chose qui n’a pas connu de pause, c’est le sport. J’en ai toujours fait. Tout jeune, avec le judo puis le foot. Puis est arrivée la maladie de Crohn. Avec ses poussées, les traitements, la perte de poids, les fortes fièvres et autres symptômes plus délicats à gérer les uns que les autres. Malgré cela, je n’ai jamais arrêté. J’ai dû m’adapter, stopper temporairement le football, profiter d’une demi-heure de tennis avant que la fièvre ne remonte. Je n’ai pas toujours été raisonnable, mais j’avais 14 ans. Je ne sais pas dire si le sport m’a sauvé, mais il y a très fortement contribué.

Novembre 1995 : après une opération importante venue conclure plus de deux mois d’hospitalisation, sur mon lit d’hôpital, je regarde le jogging du club de football offert par mon entraîneur quelques jours auparavant. Et je me fais la promesse de rechausser les crampons dès que possible. En parallèle, mon opération nécessite de renforcer la ceinture abdominale : je découvre alors la musculation et la force athlétique. Le temps de la reconstruction est venu. Et me mènera à participer à des compétitions, même lorsque le Crohn est ressorti de son sommeil en 1999.

Le sport m’a permis durant ces années d’apprendre à gérer la maladie, accompagner les moments de moins bien, booster les journées, partager des moments avec les amis et la famille. Et profiter avant tout.

Janvier 2020 : Cette recherche d’équilibre a pris un sens nouveau avec une bonne résolution de début d’année, celle de courir régulièrement. 1 km, 3 km, 5 km, etc. Les périodes de confinement ont joué un rôle d’accélérateur. Un premier 10 km, un second, une course sur route, un premier trail,… Les bienfaits et les défis se sont succédés : réfléchir à des challenges, s’entraîner pour se donner les chances de réussir, se pencher sur les autres facteurs comme l’alimentation, le sommeil. L’impact sur la gestion de la maladie est évident. Pas démontrable, mais évident. Sur le corps, sur l’esprit. Un subtil équilibre.

Le sport m’aide à gérer ma maladie, je ne la subis plus. Je me suis toujours refusé à la subir d’ailleurs, mais j’ai aujourd’hui les clés pour le faire. Mai 2023 : j’ai décidé de fêter mes 30 ans de Crohn en parcourant les 30 km du trail des Garciaux, à côté de Redon. Tel un pied-de-nez à la maladie.

Juin 2023 : un nouveau défi approche, parcourir 70 km de nuit le long du Golfe du Morbihan. Le Réveil des Ducs (Ultra Marin) aura lieu le samedi 29 juin prochain. Et je serai prêt. Prêt à me retrouver face à moi-même toute une nuit, prêt à rejoindre le port de Vannes, prêt à dépasser la maladie pour convaincre d’autres malades que tout est possible.

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