L’afa en Amazonie, un nouveau souffle et une nouvelle dynamique

Certaines délégations de l’afa s’étendent sur de vastes territoires et il n’est pas toujours simple d’en faire le tour ni d’y faire vivre notre implantation si nécessaire.
C’est une des tâches délicates pour celle des Antilles et de la Guyane que je propose de vous présenter.

Un peu de géographie et d’histoire :
Si la Guadeloupe et la Martinique sont des archipels situés dans les Antilles, la Guyane n’est pas une île et fait partie intégrante du grand continent sud américain, petit timbre poste collé au géant brésilien juste au dessus du fleuve Amazone et de l’équateur. Les jours ont la même durée que les nuits qui tombent tel un rideau chaque soir. Bienvenue en Amazonie!

Ce timbre poste a des mensurations pourtant très respectables, 90 000 km², 2 fois la Suisse mais habité essentiellement sur une partie de son littoral et le long des fleuves frontières avec ses voisins, le Brésil et le Surinam. Le reste, tout le reste, est recouvert de forêt et d’immenses fleuves.

De la Guadeloupe, pour aller respirer l’air chaud et (très) humide de la Guyane, 3h1/2 d’avion au dessus de l’Atlantique sont nécessaires pour parcourir les 1700 km, avec une escale en Martinique.

J’ai vécu près de 30 ans en Guyane et cette terre d’aventure m’en avait réservé une belle: diagnostiqué d’une RCH, l’accès à un spécialiste et à un traitement adapté a été compliqué mais j’ai découvert l’afa et me suis attelé à la bonne cause.
Vous avez parlé de déserts médicaux ? Ici pour aller voir un spécialiste ou un chirurgien, c’était 8h d’avion vers la métropole. Finalement après 10 années compliquées, nous avons dû nous résigner à faire nos valises et rejoindre la Guadeloupe pour une meilleure prise en charge (et un climat moins difficile).

En début d’année ayant programmé un séjour pour y revoir les amis et retrouver cette ambiance si attachante, j’en ai profité pour faire le tour de mes anciens contacts afa, malades et professionnels de santé dans le but d’y redynamiser notre présence.
J’ai donc contacté les trois hôpitaux du territoire Cayenne, Kourou et St Laurent du Maroni , services de gastro entérologie, diététique/nutrition et chirurgie viscérale car je fais également partie du (super) groupe stomie de l’afa.

A ma grande surprise j’ai réussi à obtenir facilement des rendez vous avec des soignants mais également des chef(fe)s de service, les temps auraient ils changés ?…

Et en effet, le bilan est très positif et enthousiasmant :
Rencontres avec chefs de services nutrition, médecine B et chirurgie viscérale à Cayenne avec à chaque fois une réelle disponibilité et envie d’expliquer qu’une nouvelle dynamique est en route. En 2025, il y aura un CHRU qui regroupera les différents sites. Les équipes se sont étoffées et renouvelées, 6 gastros à Cayenne au lieu de 2 à l’époque, des spécialistes rentrent au « peyi » et de vraies compétences arrivent motivés par de nouveaux moyens pour exercer. L’importance de travailler avec les associations de patients est palpable.

Rencontre également avec des (jeunes) gastro-entérologues (ça c’est nouveau) et chirurgiens digestifs sur Kourou et St Laurent du Maroni.
Il manque toujours des moyens et les problématiques sont assez spécifiques avec en particulier la barrière de la langue pour les populations non ou peu francophones et certaines croyances réfractaires aux traitements.
Mais ça bouge réellement.

Cerise sur le gâteau, deux personnes malades de MICI avec qui j’étais en contact franchissent le pas du bénévolat. Nos actions seront donc mieux relayées sur place et je serai obligé d’aller faire un point régulièrement…

Alors dans le contexte actuel un peu morose, je voulais partager avec vous ce bel espoir :-))

En Guyane aussi les malades de MICI sont de moins en moins seuls !

Jean-Philippe