Brèves ECCO 2024 Rectocolite hémorragique
Le congrès de l’European Crohn’s and Colitis Organisation (ECCO) 2024 s’est déroulé à Stockholm du 22 au 24 février. Par le biais de brèves scientifiques synthétisées, nous vous partageons les grands résultats d’études qui pourraient vous intéresser dans le cadre de la prise en charge de la rectocolite hémorragique (RCH) .
Devenir des grossesses après exposition au Tofacitinib
Selon une étude récente, une exposition au tofacitinib n’a pas de conséquence sur les nouveau-nés, cela conforte les analyses précédentes relatives à d’autres populations d’études cliniques et dans la population générale des patients atteints de rectocolite hémorragique. Mais ces études comprennent plusieurs limites : le faible nombre de grossesses rapporté et le suivi disponible.
Toutefois, le tofacitinib ne doit pas être utilisé pendant la grossesse, sauf en cas de nécessité.
D’après Mahadevan U et al., abstr. P956
Efficacité du risankizumab en traitement d’entretien
Dans le cadre d’une étude, les patients traités par le risankizumab à la dose 180 mg ou à la dose 360 mg ont obtenu des taux de rémission clinique significativement plus élevés que ceux sous placebo. Une proportion plus importante de patients a obtenu une réponse endoscopique, une rémission endoscopique, une rémission clinique sans corticoïdes avec le risankizumab par rapport au placebo.
On en déduit que le risankizumab est efficace et bien toléré en traitement d’entretien de la RCH modérée à sévère.
D’après Schreiber S et al., abstr. OP06 – Etude de phase III COMMAND
Tofacitinib VS Védolizumab en première ligne
Une étude a montré que la persistance et la tolérance du védolizumab en première ligne de traitement pour une rectocolite hémorragique étaient supérieures à celles du tofacinib.
Toutefois, plusieurs limites doivent être prises en compte : ces données rétrospectives ajustées statistiquement pour s’approcher des conditions d’un essai randomisé doivent être interprétées avec précaution. De plus, l’utilisation en première ligne du tofacitinib n’est pas une situation courante en France du fait des conditions de remboursement !
D’après Gros et al., abstr. DOP17
L’usage de l’intelligence artificielle pour analyser en direct la rémission profonde
Une étude a été réalisée sur l’utilisation de l’intelligence artificielle* (IA) pour prédire les rechutes et guider le traitement chez les patients atteints de RCH (dans le cadre d’endoscopies). Cette étude de cohorte prospective a analysé les données de 100 patients atteints de RCH en rémission clinique. Les endoscopistes ont réalisé une coloscopie en utilisant le système d’IA. Les patients ont ensuite été suivis pendant 12 mois. L’étude a révélé que la caractérisation de la “cicatrisation vasculaire” au cours d’une coloscopie classique grâce à un système d’IA permet de prédire le risque de rechute chez les patients atteints de RCH, et cela mieux que l’endoscopie standard, sans avoir recours à l’histologie et sans que l’endoscopiste ne soit expert.
Les chercheurs estiment que ces techniques devraient enrichir les outils pour le suivi des patients atteints de RCH ces prochaines années !
D’après Maeda Y et al., abstr. OP16 – Cohorte prospective japonaise
Un nouveau modulateur sélectif du récepteur de la S1P efficace dans la rectocolite hémorragique
Une étude a démontré l’efficacité et la bonne tolérance du modulateur (qui régule l’activité) du récepteur du S1P (VTX002) pour induire une rémission clinique en cas de RCH modérée à sévère.
D’après Sands BE et al., abstr. OP03
Rémission symptomatique, endoscopique et histologique sans corticoïdes à 16 semaines de traitement par védolizumab
Une étude a révélé que l’objectif cible de rémission symptomatique sans corticoïdes, l’amélioration endoscopique et la rémission histologique est atteint pour 41 % des patients traités par védolizumab, avec un pourcentage plus élevé chez les patients naïfs de biologiques.
D’après Jairath V et al., abstr. DOP11 – Etude VERDICT
Efficacité et tolérance de l’obéfazimod chez les répondeurs
Selon une étude, la majorité des patients traités par obéfazimod pour lesquels le traitement était efficace et toléré après 8 semaines ont obtenu une réponse clinique, une amélioration endoscopique.
D’après Vermeire S et al., abstr. DOP12 – Etude d’induction de phase IIb
La calprotectine fécale et la CRP ultrasensible utiles pour prédire la réponse à l’étrasimod
Une étude a révélé que la calprotectine fécale (CF) et la CRP ultrasensible (CRPus) ont permis de prédire les résultats de la prise d’étrasimod à court et à long terme. On en déduit que la CF et la CRPus sont utiles pour prédire et surveiller le contrôle de la maladie chez les patients atteints de RCH et traités par étrasimod.
D’après Jairath V et al., abstr. P788 – Analyse post hoc des essais de phase III ELEVATE UC 52 et ELEVATE UC 12
Efficacité et tolérance de l’étrasimod en 1ère ligne de traitement après échec de 5-ASA et/ou thiopurines
Selon une étude, un nombre significativement plus élevé de patients dans le groupe étrasimod (versus placebo) après échec de 5-ASA et/ou thiopurines a obtenu une rémission clinique et une amélioration endoscopique.
D’après Sonnenberg E et al., abstr. P795 – Analyse post hoc des essais de phase III ELEVATE UC 52 et ELEVATE UC 12
Mirikizumab après échec d’un seul anti-TNF dans la RCH modérée à sévère
Dans le cadre d’une étude, le mirikizumab a démontré son efficacité et sa sécurité chez des patients atteint d’une RCH modérée à sévère, ayant présenté une réponse inadéquate, une perte de réponse ou une intolérance à un traitement conventionnel ou avancé.
D’après Hart A et al. Comm orale OP14 – Etude LUCENT 1 et 2
Le tofacitinib efficace en 2ème ligne dans la colite aiguë grave
Une étude a montré que le tofacitinib peut être efficace chez les patients atteints d’une colite aigue grave (CAG) ne répondant pas à la corticothérapie intraveineuse. Par ailleurs, cette dernière confirme également la rapidité d’action impressionnante du tofacitinib. Toutefois, il s’agit d’une étude sans groupe comparateur, des questions restent ainsi en suspens : quelle est l’efficacité comparée aux autres traitements de 2ème ligne (infliximab, ciclosporine) ?
D’après Narula N et al., abstr. DOP46 – Etude TRIUMPH
Comprendre les effets respectifs du guselkumab et du golimumab
Une étude a révélé que la combo-thérapie guselkumab / golimumab entraine une réduction significative des principales caractéristiques inflammatoires de la RCH dès la semaine 4, persistant jusqu’à la semaine 38 lorsque le guselkumab est poursuivi seul. Cette étude suggère le rôle prépondérant du guselkumab dans la cicatrisation tissulaire, tandis que le golimumab semble contribuer davantage à l’activité inflammatoire innée. Ainsi, il s’agit de deux mécanismes d’action différentiels et complémentaires.
D’après Richards D et al., abstr. DOP54 – Données moléculaires de l’étude VEGA
Amélioration de la qualité de vie après 12 semaines sous guselkumab
Une analyse s’est intéressée à la qualité de vie rapportée par les patients après 12 semaines sous guselkumab. La qualité de vie était évaluée à partir de 7 variables : l’anxiété, la dépression, la fatigue, l’impact de la douleur sur la vie quotidienne, les troubles du sommeil, le fonctionnement physique et la participation sociale. Une amélioration significative de l’ensemble des variables a été démontré dans le cadre de cette étude.
D’après Panés J et al., abstr. DOP49 – Etude de phase III QUASAR
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Equipe scientifique ayant rédigé les brèves avant synthèse : Dr Bénédicte CARON (Nancy), Dr Pauline RIVIÈRE (Bordeaux), Dr Jean-Philippe MADIOU (Paris) ; Coordinateur : Pr Laurent PEYRIN-BIROULET (Nancy)