La relation malade-famille-médecin
Vu sous l’angle médical, c’est là un des problèmes relationnels les plus difficiles. Difficile parce que la maladie ne doit pas être l’occasion de la reprise en mains de l’adolescent par la famille. Cette (néo?) dépendance serait mal vécue et la négligence vis-à-vis du traitement constituera alors pour l’adolescent un moyen de protestation. L’idéal est que l’adolescent consulte seul, prenne ses médicaments lui-même, téléphone au médecin directement s’il a une difficulté. Il n’est pas question pour autant de tenir la famille à l’écart, il faut trouver une formule souple, en accord avec l’adolescent et avec son assentiment. Les négociations avec certaines familles sont délicates, mais, bien expliquées, adaptées à l’âge et à la situation des enfants, on arrive avec beaucoup de patience à trouver un terrain d’entente. Il est sûr qu’un certain nombre d’insuccès thérapeutiques sont à mettre au compte de telles difficultés relationnelles, dans lesquelles le gastro-entérologue a aussi sa part de responsabilité. La place du médecin généraliste est souvent essentielle, avec sa collaboration et ses informations, un modus vivendi peut s’établir. L’entourage est un soutien, mais l’entourage n’est pas un intermédiaire.
Quelle est dans ces situations la place de la psychothérapie ? Ou plutôt quelle psychothérapie, pour qui et par qui ?
La meilleure psychothérapie est celle qui émane de l’équipe soignante elle-même ou, le cas échéant, d’un psychiatre qui est attaché à cette équipe et qui connaît à la fois la maladie et les médecins traitants. La psychothérapie devrait tout d’abord s’adresser à la famille mais cette offre ne vaudra que s’il existe une demande latente. Le plus souvent le refus est fréquent, au début du moins.
Pour ce qui concerne l’enfant et l’adolescent, le contact répété avec l’hôpital et les médecins peut développer des attitudes mentales très diverses. Le refus de la maladie est fréquent et se traduit par la dénégation des symptômes ou la prise irrégulière des médicaments. Dans le même esprit de refus, on rencontre souvent une certaine « capacité d’incompréhension« , même devant des explications simples.
D’autres jeunes adolescents restés de petite taille essaient d’en imposer tel ce garçon de 16 ans qui en paraissait 12 et qui répondait aux propositions d’examen d’un ton catégorique : « eh bien, c’est ce que nous allons voir« . Le retard statural, quand il existe, est vraiment leur drame. Avant toute explication il faudrait essayer de savoir ce que le jeune malade pense de son état et comment il interprète sa maladie. C’est dans cette démarche qu’un psychothérapeute averti peut, le cas échéant, intervenir là où le membre de l’équipe qui est le plus proche de l’adolescent n’arrive plus à progresser.
Pr Jean-Pierre Weill, Ancien chef de service d’Hépato-Gastro-Entérologie et d’Assistance Nutritive, Hôpital Hautepierre, Strasbourg
Dr Marguerite Weill-Bousson, Praticien hospitalier à l’Institut de Pathologie, Spécialiste en hépato-gastroentérologie, Hôpital Hautepierre, Strasbourg