Diarrhées avec selles grasses (stéatorrhées)
La stéatorrhée se rencontre uniquement dans la maladie de Crohn en cas d’atteintes étendues ou de résections de l’intestin grêle.
Le diagnostic de stéatorrhée peut être évoqué si les selles sont entourées d’une auréole grasse, mais il ne peut être affirmé qu’après un bilan digestif précis.
Si cette stéatorrhée est modérée, elle ne demande pas de régime spécial.
Si elle est importante, des conseils diététiques supplémentaires seront nécessaires comme des choix alimentaires issus du régime d’épargne intestinale afin de limiter le travail digestif et une modification de l’apport en matières grasses afin de réduire le volume de graisses à émettre.
En pratique, les graisses d’assaisonnement usuelles (beurre, margarine, huiles etc.) tout comme celles constitutives de certains aliments (lait et ses dérivés, viande, œufs…) sont insuffisamment absorbées et seront donc émises dans les selles. Il faut réduire la quantité des graisses utilisées pour la préparation des repas, mais en maintenant une petite ration de beurre frais.
Il est possible de remplacer par des graisses d’absorption plus facile : les triglycérides à chaînes moyennes, désignées souvent par le sigle TCM, disponibles dans le commerce, sur commande, sous forme d’huiles ou de margarines. Leur prix de revient est assez élevé et leur remboursement est autorisé après entente préalable.
La stéatorrhée ne disparaît pas toujours avec ce régime, mais, l’absorption des graisses étant meilleure, elle tend à diminuer. La sensation de faim s’apaise et le poids augmente.
Au long cours, la stéatorrhée peut entraîner l’apparition de calculs urinaires.
Deux raisons sont avancées : comme dans toutes les diarrhées, une partie de l’eau est éliminée par les selles, ce qui réduit le flux urinaire, augmente la concentration de l’urine, favorise la formation de calculs.
De plus, dans la stéatorrhée, les graisses perdues dans les selles entraînent avec elles du calcium; les oxalates, qui se fixent normalement sur le calcium dans l’intestin, ne trouvant plus leur substrat physiologique arrivent au rein en plus grande quantité, et, dans une urine déjà concentrée du fait de la diarrhée, provoquent la précipitation de cristaux, puis la formation de calculs.
Pour parer à cette éventualité, on peut réduire les aliments contenant beaucoup d’oxalates : par exemple les betteraves rouges, l’oseille, la rhubarbe, les épinards, les asperges… mais aussi le thé et le chocolat. Cette restriction supplémentaire est lourde et il paraît préférable, au lieu de les interdire, d’ajouter à l’alimentation 500 à 1000 mg de calcium en comprimés qui auraient le même rôle préventif, à condition que la consommation de boissons reste suffisante.
L’application de ce régime dans la diarrhée avec stéatorrhée est complexe puisqu’il associe des restrictions de la consommation et des fruits, et des légumes, et des graisses. Dans la mesure où l’état général s’améliore en même temps que le fonctionnement de l’intestin, le régime sera progressivement élargi.