Bourses 2019
Chaque année, l’afa finance un programme de subventions de recherche, conçu pour soutenir les projets de recherche originale, fondamentale ou clinique autour des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Les lauréats sont sélectionnés, après un appel à projets, par le comité scientifique de l’association.
Cette année, la remise des bourses de recherche a eu lieu après l’Assemblée Générale du dimanche 24 mars. Lors de cette cérémonie, onze lauréats se sont vus décerner une bourse dont le montant correspond aux besoins des équipes de chercheurs pour leurs travaux.
L’afa organise par ailleurs des rencontres avec les équipes qu’elle finance – auxquelles sont conviées les adhérents-donateurs – pour comprendre le fonctionnement des laboratoires de recherche, l’avancement des études et les opportunités qui en découlent.
Les axes de recherche, entre prévention et qualité de vie du malade
A l’heure actuelle, les stratégies thérapeutiques visent surtout les conséquences de la maladie et non les causes. C’est sur cet axe que la recherche avance dorénavant et tente de comprendre les mécanismes de développement de la maladie et d’identifier les facteurs déclencheurs , qu’ils soient génétiques ou environnementaux. Ainsi, le comité scientifique a décidé de saluer le travail d’une équipe sur le rôle de la pollution atmosphérique dans la susceptibilité aux MICI. Les résultats permettront d’apporter des pistes pour la prévention de l’apparition des maladies inflammatoires de l’intestin et pour la prévention des rechutes, des poussées.
La prévention joue aussi un rôle de plus en plus central dans la prise en charge globale des patients, à différents niveaux.
« La prévention consiste à éviter l’apparition, le développement ou l’aggravation de maladies ou d’incapacités; sont classiquement distinguées la prévention primaire qui agit en amont de la maladie (ex : vaccination et action sur les facteurs de risque), la prévention secondaire qui agit à un stade précoce de son évolution (dépistages), et la prévention tertiaire qui agit sur les complications et les risques de récidive. » (Haute Autorité de santé)
En savoir davantage sur la prévention :
L’objectif de la prévention tertiaire est de prévenir et prédire l’apparition de complications en identifiant les malades à risque afin d’optimiser la prise en charge de ces patients. Parmi les lauréats, une équipe de chercheurs poursuit un travail sur un score prédictif de ces complications afin de pouvoir endiguer leur apparition : le score PREDICT-EPIMAD.
Enfin, la prise en charge du patient englobe aussi l’accompagnement au long terme sur tous les aspects de la vie quotidienne. Pour cela, de nombreux programmes d’Education Thérapeutique du Patient (ETP) sont proposés, notamment sur la compréhension de la maladie, les symptômes, les traitements et l’alimentation. La vie intime reste un sujet souvent oublié de ces programmes alors que c’est un sujet central et très souvent abordé par les malades. Une étude se penche sur les impacts d’un atelier d’ETP sur la vie intime sur la qualité de vie des patients, afin de favoriser la diffusion d’atelier sur le sujet.
Prévention et accompagnement du patient sont les maîtres mots de cette promotion 2019 de lauréats. Revenons plus en détails sur les quelques études sélectionnées.
Facteurs déclencheurs et pollution atmosphérique
Parmi les lauréats, Dr Mathilde Body-Malapel – au Lille Inflammation Research International Center (LIRIC) – est la responsable d’un projet : « Etude fonctionnelle du lien entre l’exposition à la pollution atmosphérique et la susceptibilité aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ».
La recherche essaye de comprendre toujours plus les facteurs qui déclenchent le développement des maladies inflammatoires de l’intestin. Une partie est attribuée à une susceptibilité génétique complexe. Les chercheurs se penchent aussi vers le rôle de l’environnement dans l’apparition et le développement des MICI. Parmi les facteurs environnementaux, on retrouve l’alimentation mais aussi la pollution atmosphérique. C’est cette pollution atmosphérique qui est au centre de l’étude, afin de déterminer son rôle en tant que facteur de risque dans l’apparition des MICI. Cette pollution atmosphérique – gaz, poussières et fumée de cigarette – induirait des déséquilibres au niveau de l’intestin et serait donc un facteur de risque. Plus précisément, les objectifs de ce projet sont d’étudier les effets de l’exposition in utero à la pollution atmosphérique sur l’intestin.
Dr Body-Malapel explique plus particulièrement : « Le but final de l’identification des facteurs de risque environnementaux est d’apporter des pistes de prévention des MICI afin d’une part d’espacer la survenue des poussées chez les patients ayant déclenché une MICI, et d’autre part d’endiguer l’accroissement drastique de déclenchement de ces pathologies, constaté actuellement en France de façon alarmante chez les adolescents. »
Score prédictif pour les complications
Une autre prévention consiste à éviter l’apparition de complications chez les malades. Or, « les études en population ont montré qu’environ 50% des patients présenteront une complication sténosante ou fistulisante et que 50% seront opérés dans les 10 ans après le diagnostic. » rapporte Dr Mathurin Fumery. L’enjeu repose donc sur la prédiction de l’apparition de ces complications, or les critères cliniques restent pour le moment insuffisants pour prédire cette évolution vers une forme sévère.
L’objectif est d’identifier les patients à risque afin de mettre en place une stratégie thérapeutique adaptée, précoce avec une balance bénéfice/risque optimale. Pour cela, le score PREDICT-EPIMAD est actuellement le modèle le plus performant pour prédire cette évolution défavorable. Il combine différents facteurs : cliniques, sérologiques et génétiques.
Le but de l’étude portée par Dr Fumery au CHU Amiens-Picardie est de valider ce score au sein d’une cohorte pédiatrique du registre EPIMAD (enregistrement des nouveaux cas de MICI dans la région Nord-Ouest de la France, depuis 1988) : « Validation du score PREDICT-EPIMAD, prédictif de maladie de Crohn compliquée ».
La validation de ce score, à l’issue du projet de recherche, permettrait de le diffuser aux cliniciens pour les aider à identifier les patients nécessitant un traitement précoce par biothérapie, éviter l’apparition de complications et le recours à la chirurgie.
Ateliers sur la vie intime
Un autre aspect important de la prise en charge est la prise en compte de la qualité de vie. Les malades atteints de MICI ont « un risque plus élevé d’avoir une sexualité moins satisfaisante que les adultes en bonne santé de leur âge », explique Dr Pauline Rivière.
Malgré ce constat, la vie sexuelle est un sujet peu abordé par les professionnels de santé et aucune étude scientifique ne porte pour le moment sur les solutions possibles en cas de troubles de la vie sexuelle. Afin de répondre aux demandes des patients, des programmes d’ateliers collectifs d’ETP (Education Thérapeutique du Patient) sont proposés sur le thème de la « Vie intime ». L’étude du Dr Rivière « Impact d’une intervention d’éducation thérapeutique sur la fonction sexuelle chez les patients atteints d’une Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin » se propose d’évaluer les impacts d’un tel programme sur la vie sexuelle des participants.
L’objectif de cette étude sera de diffuser davantage ce type de programmes sur la « Vie intime » et intégrer des ateliers dédiés à la sexualité dans les programmes d’ETP déjà existants.
Merci aux donateurs !
En tout, ces bourses représentent un financement de 200 000 euros pour faire avancer toujours plus vite la recherche. Ce financement est réalisé grâce à vos dons. Un grand merci à tous les donateurs, sans qui ces bourses de recherche ne seraient pas possibles. Chaque année, 30% de vos dons participent à l’accélération de la recherche, pour combattre les MICI !
Ensemble, on avance plus vite que les maladies. Merci pour tous vos dons et votre soutien.