Additifs et aliments transformés

Narula, N., Chang, N. H., Mohammad, D. & al. (2023). Food Processing and Risk of Inflammatory Bowel Disease: A Systematic Review and Meta-Analysis. Clinical gastroenterology and hepatology : the official clinical practice journal of the American Gastroenterological Association, 21(10), 2483–2495.e1. https://doi.org/10.1016/j.cgh.2023.01.012

Objectif : Effectuer une revue de la littérature et une méta-analyse au sujet de la transformation des aliments et son association avec les risques de maladie de Crohn et de rectocolite hémorragique.

Résultats : Plus la consommation d’aliments ultra-transformés est élevée, plus le risque de développer une maladie s’accroit. Toutefois, aucun lien n’est démontré entre la consommation de ces derniers et le risque de rectocolite hémorragique.

Fitzpatrick, J. A., Halmos, E. P., Gibson, P. R., & Machado, P. P. (2023). Ultra-processed Foods and Risk of Crohn’s Disease: How Much is Too Much?. Clinical gastroenterology and hepatology : the official clinical practice journal of the American Gastroenterological Association, 21(10), 2478–2480. https://doi.org/10.1016/j.cgh.2023.03.009

Cet article témoigne de la nécessité d’évaluer le « trop-pris » d’aliments ultra-transformés et la sous-catégorie de ces aliments présentant le risque le plus élevé de développer une maladie de Crohn.

Kwon, YH., Banskota, S., Wang, H. & al. (2022). Nature Communications. https://doi.org/10.1038/s41467-022-35309-y

• Une exposition importante aux produits chimiques chez l’Homme
• Allura Red AC (AR) est un colorant synthétique très commun
• L’exposition chronique au AR à une dose trouvée dans les produits alimentaires couramment consommés accentue les modèles expérimentaux de colite chez la souris.
• L’exposition chronique au AR induit une colite légère, qui est associée à des niveaux élevés de sérotonine colique et à une altération de la fonction de barrière épithéliale.

⇒ Bien que l’on ignore toujours si l’AR a des effets similaires chez l’Homme, l’étude révèle que l’exposition chronique à long terme à un colorant synthétique commun favorise la colite expérimentale dans le microbiote intestinal et la voie indépendante chez la souris.

2021. INSERM. https://presse.inserm.fr/un-additif-alimentaire-couramment-utilise-altererait-le-microbiote-et-lenvironnement-intestinal-humain/44394/

Une étude sur l’impact du carboxyméthylcellulose (CMC), un émulsifiant synthétique ajouté à de nombreux aliments transformés pour en améliorer la texture et prolonger leur durée de conservation (étude réalisée sur des volontaires sains).

Résultats : Seulement certains individus développent des marqueurs inflammatoires à la suite de la consommation de ces additifs.

Toutefois, on note la nécessité de poursuivre les tests et d’en réaliser sur des individus atteints de MICI.

Lo, CH., Khandpur, N., Rossato, SL. & al. (2021). https://doi.org/10.1016/j.cgh.2021.08.031

Les pains ultra-transformés et les aliments pour le petit-déjeuner, les repas surgelés ou de longue conservation prêts-à-manger/réchauffer et les sauces, fromages, tartinades et sauces peuvent augmenter risque de développer une maladie de Crohn.

Viennois, E., Bretin, A., Dubé, PE. & al. (2020). https://www.cell.com/cell-reports/pdfExtended/S2211-1247(20)31218-3

Les émulsifiants alimentaires carboxyméthylcellulose (CMC) et polysorbate-80 (P80) perturbent le microbiote intestinal, favorisant l’inflammation chronique.

Hypothèse : Ces composés pourraient provoquer des pathobiontes sélectionnés pour favoriser l’inflammation (test effectué sur des souris).

Résultats : Les émulsifiants favorisent la virulence et l’empiétement des pathobiontes, fournissant ainsi un moyen par lequel ces composés peuvent provoquer une inflammation chez les hôtes porteurs de ces bactéries.

Bonnazi, E., Delaroque, C. & Chassaing.B (2022). Inserm U1016, CNRS 8104, université de Paris, Équipe «Microbiote intestinal dans les maladies inflammatoires chroniques ». https://doi.org/10.1051/medsci/2022068

Résultats :

• La consommation à long terme de la carboxyméthylcellulose pourrait favoriser les MICI.
• La consommation d’agents émulsifiants dans les aliments ultra-transformés est « souvent associée à un régime riche en graisses et en sucres, dont les effets délétères sur la santé sont connus ».
• On note la variabilité de la sensibilité du microbiote vis-à-vis de la consommation de carboxyméthylcellulose (ce qui implique des études à plus grande échelle).

Cette étude témoigne de la nécessité d’évaluer la dangerosité des additifs alimentaires et implique une médecine préventive et personnalisée.

Gracci, F. (2024). https://www.epsiloon.com/tous-les-numeros/n35/aliments_ultratransformes_les_premieres_preuves/

Cet article revient sur plusieurs études et revues récentes concernant la consommation d’aliments ultra-transformés.

Sans détour, il conclut que la consommation de produits ultra-transformés augmente l’incidence et la prévalence des pathologies gastro-intestinales (tout comme les cancers, affections respiratoires, diabète, obésité, etc.). En effet, l’alimentation ultra-transformée augmente les impacts gastro-intestinaux de la rectocolite hémorragique et de la maladie de Crohn de façon considérable.

Maladie de Crohn : réduction de l’alimentation ultra-transformée y compris en phase de rémission

Dr Chen Sarbagili Shabat & al. (2024) (Tel-Aviv Medical Center, IBD Unit, Department of Gastroenterology and Liver Diseases, Tel Aviv, Israël). https://francais.medscape.com/voirarticle/3612105#vp_2

Objectif : Cette étude prospective monocentrique a analysé l’association entre le risque de rechute dans la maladie de Crohn et la consommation d’aliments ultra-transformés.

Méthode : 111 patients ont été suivis pendant un an à raison d’une visite trimestrielle ou jusqu’à la survenue d’une rechute. Deux questionnaires ont permis de recueillir le type d’aliments consommés et de quantifier la proportion d’aliments ultra-transformés dans l’alimentation.

Résultats : Au cours de l’année de suivi, 21,6 % des patients ont présenté une poussée. Cette étude a conclu qu’une consommation élevée d’aliments ultra-transformés était associée à un risque accru de rechute. Une association particulièrement forte  avec le risque de rechute a été révélée pour les pains, pâtisseries, féculents ultra-transformés, ainsi que les huiles ultra-transformées.

On en conclut que réduire la consommation d’aliments ultra-transformés est un enseignement à inclure dans l’éducation thérapeutique du patient.