BOURSES EXCEPTIONNELLES DE L’AFA 2023 :

Article publié le

En décembre 2023, le Comité Scientifique de l’afa a méticuleusement sélectionné 3 projets de recherche MICI, comme lauréats des bourses de recherche 2023, pour un montant total exceptionnel de 300 000 euros (100 000 euros pour chacun des projets financés grâce à vos dons et adhésions). 

L’appel à projet exceptionnel avait pour thèmes :
– soit le suivi des MICI par des examens non invasifs
– soit les facteurs environnementaux aggravant la maladie

Nous vous proposons de découvrir ce que ces projets recouvrent et qui sont leurs porteurs !

PROJET 1 : Etudier les effets sur l’intestin des microplastiques les plus détectés chez les patients atteints de MICI

Intitulé du projet : Impact des microplastiques alimentaires dans la sévérité de l’inflammation

Dans quel contexte ?

Les microplastiques (MP) sont des petites particules dispersées dans l’environnement (terre, eau, air). Elles sont présentes dans les aliments, ce qui conduit à leur consommation involontaire par l’Homme. Par ailleurs, certains emballages plastiques ainsi que les processus de cuisson des aliments ajoutent une contamination supplémentaire à nos aliments. Ainsi, l’Homme consommerait en moyenne plus de 50 000 microparticules de plastique chaque année via son alimentation

Pour évaluer les conséquences de l’omniprésence de ces microplastiques (MP) sur notre santé, de nombreuses études ont été réalisées. Leurs résultats témoignent la pertinence de l’étude de l’impact de ces MP :

  • Certains modèles animaux laissent à penser que les microplastiques pourraient impacter l’intestin et plus particulièrement être en cause dans les MICI. 
  • Les microparticules de polystyrène aggravent la colite expérimentale chez la souris. 
  • Les microplastiques provoquent des perturbations du microbiote intestinal, de l’immunité et de la perméabilité intestinale. 
  • Une étude a retrouvé plus de microplastiques chez des patients atteints de MICI que chez les personnes saines. 

Pour quels objectifs ?

A ce jour, les conséquences des microplastiques (MP) sur notre santé sont encore peu connues. Par ailleurs, les études réalisées se sont concentrées sur les MP les plus retrouvés chez les individus sains (polyéthylène, polypropylène et polystyrène) alors que des microparticules différentes ont été retrouvées chez des patients atteints de MICI (polyéthylène téréphtalate, polyvinyl chloride et polyamide). De plus, aucune étude ne s’est intéressée à l’effet combiné de ces MP sur notre santé.

Ainsi, ce projet a pour objectif d’étudier les effets des trois microparticules les plus détectées dans les selles de patients atteints de MICI

Quelles méthodes seront mises en œuvre ?

Une combinaison de méthodes sera déployée dans le cadre de ce projet :

  • Des modèles cellulaires pour évaluer l’impact de ces particules 
  • Un modèle de colite chronique chez la souris pour évaluer l’impact d’un mélange de microplastiques de plusieurs tailles 
  • L’évaluation de la quantité de MP dans les selles de patients atteints de MICI ainsi que dans les pièces opératoires issues de cohortes locales 

Quels sont les résultats escomptés ?

Cette étude permettrait de mieux comprendre comment les microplastiques affectent le système immunitaire intestinal et dans quelle mesure ils sont responsables de l’aggravation de l’inflammation. Ainsi, cela permettrait de proposer de nouvelles approches thérapeutiques pour freiner la progression de la maladie et pour améliorer la qualité de vie des patients atteints de MICI. Enfin, ce projet contribuera également à développer des stratégies préventives contre la pollution par les déchets plastiques dans le monde.

Quelle équipe est impliquée dans ce projet ?

Ce projet fait partie de l’institut des MICI de Nancy (IHU INFINY) récemment créé et dont l’un des objectifs est de mieux comprendre le rôle des expositions environnementales sur le cours des processus qui déclenchent les MICI.

Ce projet est porté par Djésia Arnone, accompagnée par le Directeur de recherche Laurent Peyrin-Biroulet. Marie Boudaud, Nina Touly, Amandine Depp, Bénédicte Caron, Natacha Dreumont, David Coelho, Sébastien Hergalant, Halima Alem-Marchand, Claire Masi participent également à cette recherche. 

Présentation de la porteuse du projet

Docteure en pharmacie, Djésia Arnone a complété sa formation initiale par un DIUE de nutrition à Paris puis un Doctorat d’Université au sein du laboratoire de Nutrition Génétique et Exposition aux Risques Environnementaux Inserm afin de poursuivre son parcours dans la recherche. 

Après plusieurs expériences en recherche clinique puis en laboratoire vétérinaire de bactériologie, cette dernière co-dirige actuellement l’équipe de recherche du Pr Laurent Peyrin-Biroulet dédiée aux MICI au sein de l’IHU Infiny. Fascinée par l’alimentation, Djésia Arnona cherche depuis plusieurs années à déterminer dans quelle mesure l’alimentation peut moduler le microbiote intestinal et provoquer ou aggraver les MICI.

Projet 2 : A la recherche d’un nouveau moyen de surveiller la maladie et prédire ses évènements

Intitulé du projet : Métabolites du tryptophane comme biomarqueurs dans les MICI 

Dans quel contexte ?

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont des maladies dont l’évolution peut être rapide et peu prévisible. Afin de les surveiller, seules la protéine C-réactive (autrement nommée CRP) mesurée dans le sang et la calprotectine fécale (dans les selles) sont utilisées. On appelle cela des biomarqueurs

Or, la protéine C-réactive n’augmente qu’en cas d’inflammation très sévère et persistante, ce qui ne permet pas toujours une surveillance juste de l’inflammation intestinale. De son côté, la calprotectine fécale est plus ou moins sensible en fonction de la localisation de l’inflammation, ce qui limite son intérêt. Par ailleurs, les analyses fécales peuvent rebuter certains patients. 

Ainsi, on constate un important besoin de développer de nouveaux biomarqueurs de surveillance des MICI.

Pour pallier ce besoin, le Pr. Harry Sokol et son équipe de recherche ont démontré que certains composés du tryptophane (un acide aminé essentiel pour l’organisme, autrement nommé Trp) mesurés par prélèvement sanguin étaient prédictifs de la survenue d’une poussée chez des patients atteints de MICI en phase de rémission (diminution ou disparition des signes et symptômes de la maladie).

Quels sont les objectifs de ce projet ?

Ce projet a alors pour objectif de valider l’intérêt des composés du tryptophane dans la surveillance de l’activité de la maladie.

Quelles méthodes seront mises en œuvre ?

3 groupes de patients atteints de MICI seront exploités.

Afin d’identifier la meilleure combinaison de composés du tryptophane, seuls ou en combinaison avec la protéine C-réactive (également utilisée comme comparateur), plusieurs méthodes analytiques seront déployées : 

  • Analyse individuelle de chaque composé du tryptophane
  • Modèles mathématiques 
  • Intelligence artificielle 

Quels sont les résultats escomptés ?

L’équipe du projet espère développer un biomarqueur de surveillance de la maladie basé sur les composés du tryptophane à des fins de pratique clinique.

Quelle équipe est impliquée dans ce projet ?

L’équipe du projet est composée du Pr. Harry Sokol, du Pr. Sylvain Le Corff et de la maîtresse de conférences Anna Bonnet. Ces derniers, qui dédient la moitié de leur temps de travail à la recherche, collaborent sur l’étude du microbiote en lien avec les techniques modernes d’apprentissage statistique.

Présentation du porteur du projet

Professeur en gastro-entérologie à l’hôpital Saint-Antoine et enseignant à la faculté de Médecine de Sorbonne Université, Harry Sokol est spécialisé dans le microbiote intestinal. Ce dernier cherche à développer de nouveaux traitements pour soulager les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. A ce jour, le Pr Sokol est une référence internationale du fait de ses nombreux travaux sur le sujet.Ayant créé sa propre équipe de recherche depuis 2012, il est à l’origine d’avancées scientifiques majeures. Dans un souci d’accessibilité de son travail au grand public, ce dernier a publié une BD « Les extraordinaires pouvoirs du ventre » afin de permettre au grand public de se saisir des questions autour de l’univers du microbiote.

Projet 3 : Vers une nutrition personnalisée sans émulsifiants pour prévenir les MICI

Intitulé du projet : Exploration des variations interindividuelles des interactions alimentation – microbiote pour la mise en place de nutrition personnalisée chez les patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l’intestin

Dans quel contexte ?

L’ensemble des bactéries contenues dans notre intestin constitue notre « microbiote intestinal » (ou « flore intestinale »). Ce dernier joue un rôle indispensable dans les fonctions digestives, métaboliques, immunitaires et neurologiques. De ce fait, nous en avons conscience depuis plusieurs années grâce à la recherche, l’altération du microbiote intestinal peut favoriser l’apparition des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.

Plus spécifiquement, les recherches de Benoit Chassaing et son équipe ont découvert que les émulsifiants alimentaires utilisés par l’industrie agroalimentaire peuvent avoir un impact néfaste sur le microbiote intestinal et favoriser l’inflammation intestinale. Cette recherche fondamentale s’est déjà̀ avérée utile dans le développement d’un régime alimentaire sans émulsifiants pour la maladie de Crohn. 

Par ailleurs, des études menées par plusieurs équipes, incluant celle du présent projet, ont souligné l’importance de constituants du microbiote intestinal dans l’inflammation intestinale. Par conséquent, l’équipe du projet émet l’hypothèse que certaines personnes sont hôtes d’un microbiote protégé́ contre les effets négatifs des agents émulsifiants, tandis que d’autres patients hébergeraient un microbiote intestinal contenant des bactéries qui, en présence d’émulsifiants, favoriseraient l’inflammation intestinale.

Pour quels objectifs ?

L’objectif premier de ce projet consiste à identifier ce qui, dans microbiote intestinal, détermine la susceptibilité́ aux émulsifiants alimentaires, l’objectif final étant d’identifier les individus susceptibles de bénéficier d’un régime alimentaire sans émulsifiants

Quelles méthodes seront mises en œuvre ?

Une combinaison d’approches expérimentales sera mise en œuvre : 

  • Des études basées sur des patients examinant l’impact d’un arrêt de consommation d’agents émulsifiants sur la gravité de la maladie de Crohn
  • Une modélisation du microbiote en laboratoire (milieu artificiel)
  • Des approches permettant de caractériser les mécanismes par lesquels le microbiote intestinal détermine la variation interindividuelle des réponses aux émulsifiants alimentaires d’une manière qui perturbe l’intestin. 

Quels sont les résultats escomptés ?

Ce projet a pour ambition de développer des outils basés sur le microbiote pouvant prédire les individus pour lesquels l’émulsifiant alimentaire est un déclencheur d’inflammation. Dans cette optique, ces patients bénéficieraient d’un sevrage de l’émulsifiant. 

La visée sur le plus long terme consiste donc à ouvrir la voie à une nutrition basée sur le microbiote.

Quelle équipe est impliquée dans ce projet ?

L’équipe du projet est composée de Benoit Chassaing, Kevin Whelan, Nicolas Barnich et Héloïse Rytter. Ces derniers collaborent sur l’étude du microbiote en lien avec les techniques modernes d’apprentissage statistique

Présentation du porteur du projet

Chargé de recherche à l’Inserm, le Dr Benoit Chassaing a entamé son travail autour du microbiote intestinal depuis sa thèse. Il a en effet obtenu son doctorat en microbiologie à l’Université de Clermont-Ferrand (France), identifiant les facteurs impliqués dans la virulence des souches d’Escherichia coli, impliquées dans l’étude des causes et facteurs de la maladie de Crohn.

Après sa soutenance de doctorat en 2011, le Dr Chassaing a travaillé à la Georgia State University (Atlanta) sur divers sujets ayant pour objectif de comprendre comment les facteurs génétiques et environnementaux peuvent perturber la composition du microbiote intestinal de manière néfaste, conduisant à une inflammation intestinale. 

Par la suite, en 2020, il a monté sa propre équipe de recherche dédiée à l’étude des interactions microbiote / mucus dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, à l’Institut Cochin (Paris).

Merci de votre lecture et de votre soutien pour faire avancer la recherche !

Bien entendu, nous vous tiendrons au courant de l’avancée de ces projets dès que nous en saurons davantage !

Partager

Inscrivez-vous à notre newsletter !