Transplantation fécale
Une cause est régulièrement évoquée dans l’apparition et le développement des MICI (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin) : un déséquilibre du microbiote intestinal. Les chercheurs tentent donc de percer le mystère du microbiote intestinal, de comprendre son fonctionnement, de trouver des techniques pour le moduler et corriger la dysbiose. Une piste avancée est la transplantation du microbiote fécal (TMF). En quoi consiste-t-elle ?
La transplantation du microbiote fécal ou bactériothérapie fécale « consiste à introduire les selles d’une personne saine dans le tube digestif d’un patient afin de reconstituer sa flore intestinale et de l’aider à lutter contre des bactéries pathogènes ».
Afin de limiter les risques infectieux liés à la TMF, les donneurs sains font l’objet d’une stricte sélection et doivent répondre à certains critères : absence de pathologies chroniques, absence de traitement médicamenteux au long terme, pas de traitement antibiotique récent, dépistage négatif aux agents infectieux, entre autres.
A la suite de cette sélection, les selles des donneurs sont récoltées puis conservées afin de réaliser les tests nécessaires – ce qui nécessite un délai entre la collecte et la transplantation. Ensuite, elles sont préparées avec du sérum physiologique et filtrées avant d’être conditionnées pour leur administration au patient.
Cette administration peut s’effectuée par lavement ou vaporisation de la solution préparée lors d’une coloscopie ou par sonde nasogastrique. Une autre voie d’administration envisagée est la prise de gélules contenant les selles congelées ou lyophilisées.
Actuellement, la transplantation fécale est indiquée uniquement dans les infections récidivantes à Clostridium difficile – qui est une bactérie particulièrement agressive. La méthode a démontré son efficacité dans diverses études, au niveau européen et nord-américain : l’administration de bactéries fécales a permis de restaurer le microbiote intestinal perturbé par l’infection et de casser le cycle des infections récidivantes.
Ces preuves d’efficacité ont favorisé de nouvelles recherches dans d’autres pathologies telles que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Ainsi, l’équipe du Pr Sokol à l’hôpital Saint-Antoine cherche à prouver un impact favorable de ce remplacement de microbiote sur l’évolution de la RCH.
Pour plus d’informations vous pouvez consulter l’article sur cette étude « Impact de la transplantation fécale sur le microbiote dans la maladie de Crohn ».
Outre l’efficacité de la méthode, d’autres questions restent non résolues. Comment bien sélectionner les donneurs ? Comment les échantillons de selles doivent-ils être préparés ? Comment apprêter le receveur à la transplantation ? Vaut-il mieux administrer le microbiote par voie haute ou par voie basse ? La TMF est-elle efficace lors des poussées ou pour maintenir la rémission ?
Les études devront aussi explorer la sécurité de cette méthode au long terme. La transplantation de microbiote fécal peut-elle transmettre des maladies infectieuses ou des pathologies chroniques ?
La TMF ouvre donc de nouvelles pistes de recherche dans le traitement des MICI et la voie orale semble être une alternative particulièrement prometteuse. De nombreuses études pilotes expérimentent l’utilisation de gélules renfermant des excréments congelés dans le traitement de bactéries résistantes. L’efficacité semble être similaire entre les deux modes d’administration tout en conférant un meilleur confort d’utilisation avec les gélules.
Des résultats prometteurs seront à développer afin d’espérer compter un jour ce type de traitement dans l’arsenal thérapeutique des MICI, d’ici 5 à 10 ans.