Mars Bleu : Prévenir le cancer colorectal
A l’occasion de Mars Bleu, le mois dédié à la prévention du cancer colorectal, nous vous proposons un point sur cancer colorectal et MICI. Mars bleu, c’est également l’occasion d’en parler avec votre gastroentérologue pour en savoir plus sur le léger surrisque de cancer colorectal dans les MICI.
Pour en savoir plus sur la question du dépistage du cancer colorectal dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, nous vous proposons de participer au webinaire du Professeur Laurent Beaugerie mardi 05 mars 2024, à 18h00. → Infos et inscriptions gratuites ici
- Le dépistage organisé du cancer colorectal par tests fécaux, proposés en population générale entre 50 à 74 ans tous les deux ans, ne concerne pas les personnes vivant avec une MICI. En effet, le principe de ces tests est de dépister un saignement minime, qui est un phénomène habituel et le plus souvent non lié à un polype ou un cancer au cours des MICI
- La prévention (par détection et ablation de lésions précancéreuses) et la détection de formes peu évoluées de cancer colorectal repose sur la COLOSCOPIE pour TOUTES les personnes vivant avec une MICI.
- Les personnes qui ont une maladie de Crohn qui n’a jamais touché le côlon (gros intestin), et qui n’ont pas d’autre facteur de risque de cancer colorectal (polypose, parent au premier degré atteint) auront des coloscopies standard espacées à partir de 50 ans. Le rythme sera fixé par le gastro-entérologue.
- Les personnes qui ont une MICI touchant le côlon doivent avoir pour la plupart des coloscopies de surveillance plus fréquentes, si possible avec une technique de visualisation particulière des lésions (chromo-endoscopie). La date de la première coloscopie de surveillance et l’intervalle entre les coloscopies sont définis par les gastro- entérologues, en fonction de recommandations internationales (Voir encadré).
Un léger surrisque de cancer colorectal existe surtout après 10 ans d’évolution d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin.
Chez qui ? Chez les personnes atteintes de RCH, mais aussi de la maladie de Crohn de localisation colique.
Ce qui peut augmenter ce surrisque :
– la durée de l’évolution de la maladie
– l’étendue de la maladie (il n’y a pas de surrisque en cas de rectite isolée)
– la sévérité des ulcérations
– la persistance de l’inflammation
– lorsqu’il existe un antécédent familial de cancer colorectal
– l’existence d’une cholangite sclérosante associée à une MICI
1/ Surveiller le côlon grâce à la coloscopie
La coloscopie de dépistage permet une détection précoce de dysplasie, c’est-à-dire de pré-cancer, ce qui permet de prévenir la survenue du cancer.
En pratique, un programme de surveillance doit être enclenché avec une 1ère coloscopie au bout 6/8 ans de maladie qui fait le point sur l’état de la muqueuse. Si l’atteinte est étendue, il sera proposé de faire une coloscopie de surveillance tous les 1 à 2 ans, ou tous les 2 à 3 ans si la personne ne présente pas de surrisque supplémentaire. En cas de rectite, il ne sera pas proposé de programme de surveillance particulier.
Attention : en cas de cholangite sclérosante associée à une MICI, la 1ère coloscopie de dépistage doit être effectuée dès le diagnostic de cholangite avec ensuite un programme de surveillance établissant une coloscopie tous les ans.
Important :
– les coloscopies de dépistage sont plus efficaces lorsqu’elles sont réalisées en dehors des poussées. En effet, l’inflammation peut faire diagnostiquer à tort une dysplasie.
– Ces coloscopies consistent en des biopsies (prélèvements de la muqueuse) multiples et étagées. En général, on y associe une coloration de la muqueuse (dite « chromoendoscopie » à l’indigo carmin – couleur bleue) pour rendre visible des lésions qui seraient planes et mieux orienter les biopsies.
2/ Bien contrôler l’inflammation
La meilleure façon de contrôler l’inflammation est d’optimiser le traitement et d’obtenir une cicatrisation muqueuse.
Par ailleurs, Il y a des arguments pour dire que la prise de 5ASA protégerait contre le cancer colorectal, ce qui en fait une recommandation actuelle dans la prise en charge de la RCH.
A ne surtout pas oublier : un mode de vie sain (consommation raisonnable de viande rouge et de boissons alcoolisées, absence de tabac, activité physique régulière et lutte contre le surpoids) réduit le risque de cancer colorectal chez tout le monde.
Merci au Dr Vered Abitbol. Service de gastroentérologie. Hôpital Cochin et au Pr Laurent Beaugerie, hôpital Saint Antoine, Paris.
Comment diminuer le surrisque ?