Rectocolite hémorragique : une meilleure compréhension de ses causes
L’afa a soutenu lors d’un fonds exceptionnel en mémoire de Fabrice Glikson, le Pr Eric Ogier-Denis et son équipe de chercheurs au Centre de Recherche Biomédicale de Bichat-Beaujon qui travaillent déjà depuis plusieurs années à la compréhension de l’apparition et du développement de la Rectocolite Hémorragique (RCH). Grâce au financement de l’Afa, trois pistes ont pu être explorées : les rôles du tabac, de l’appendicectomie et du microbiote intestinal dans cette pathogénèse.
Tabac et freinage du stress cellulaire
Le tabac est connu pour avoir un effet protecteur sur la RCH. L’objectif des recherches est de disséquer les mécanismes moléculaires mis en jeu dans les mécanismes de protection. Des études sont donc réalisées pour caractériser les voies moléculaires activées par le tabac. Une voie a été identifiée : la voie ERAD (endoplasmic reticulum-associated degradation) du stress cellulaire. Le tabac serait un inducteur de la voie ERAD et cette activation de cette voie inhiberait le stress cellulaire. Les recherches tentent d’identifier la cible au sein de cette voie et d’établir le lien entre la voie ERAD et le freinage du stress.
Comme le tabac comporte près de 1 500 composants, le but n’est pas de trouver le composant du tabac qui a une action positive dans la maladie mais de trouver les voies ou les mécanismes d’action impliqués afin d’identifier des molécules susceptibles d’allumer ces mêmes voies, ces mêmes mécanismes. En trouvant les récepteurs associés, des molécules pourront être modélisées afin d’obtenir le même résultat : le freinage du stress cellulaire et la protection du colon.
Prochaines étapes : L’identification des voies cellulaires permettront de mettre au point de nouvelles molécules pour de nouveaux traitements dans la RCH.
Appendicite vs Appendicectomie
Des études épidémiologiques ont montré que les personnes ayant eu une appendicite avant leurs 20 ans présentent une probabilité plus faible de développer une RCH.
Des tests ont donc été effectués sur différentes populations de souris afin de comprends les mécanismes sous-jacents à cette observation.
Les résultats montrent que l’appendicite protège vis-à-vis de la RCH alors que l’appendicectomie sans appendicite ne protège pas vis-à-vis de la RCH. Pis, dans ce groupe de souris, un sur-risque de cancer du rectum ou du colon a été observé.
Ces résultats se retrouvent chez les humains : on observe un sur-risque de cancer digestif (colon ou rectum) chez les patients RCH ayant subi une appendicectomie sans appendicite avérée.
Les chercheurs souhaitent donc identifier les mécanismes moléculaires impliqués dans l’effet protecteur de l’appendicite ainsi que les cellules immunitaires et pro-tumorales associées.
Prochaines étapes : Les résultats préliminaires encourageants trouveront probablement des applications à moyen terme transposables à l’homme pour le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Les prédateurs du microbiote intestinal
Le modèle du microbiote est celui d’un écosystème macro-écologique. On retrouve dans une chaîne alimentaire divers êtres vivants avec des rôles différents et complémentaires. Or, si le prédateur vient à disparaître, toute cette chaîne est déséquilibrée : les animaux vont être impactés ainsi que les végétaux à long terme.
L’hypothèse est que nous perdons au cours de la dysbiose des prédateurs bactériens : ce qui déséquilibre et appauvrit la riche de notre microbiote entrainant au long terme une inflammation.
Les recherches actuelles du Pr Ogier-Denis et de ses équipes tentent donc d’identifier ces prédateurs bactériens et de comprendre au long terme les manières de les réintroduire pour rétablir l’équilibre des populations bactériennes.
Prochaines étapes : L’identification de ces prédateurs permettra de développer de nouvelles méthodes pour restaurer le microbiote intestinal
En résumé, les études prioritaires et prochaines étapes sont articulées autour de 3 axes :
- Le tabac: Compréhension des mécanismes associées au rôle protecteur du tabac dans la RCH avec l’identification de possibles cibles thérapeutiques au long terme.
- L’appendicectomie /appendicite: Identification des cellules protectrices et des cellules pro-tumorales pour mieux comprendre le mécanisme sous-jacent
Microbiote : L’étude des prédateurs bactériens pour permettre de rééquilibrer l’écosystème bactérien