MES QUESTIONS MÉDICALES
Dans cette rubrique, vous trouverez notamment des informations sur des symptômes ou des pathologies susceptibles de concerner les femmes atteintes de maladie de Crohn ou de rectocolite hémorragique.
Ma MICI a-t-elle un impact sur les symptômes prémenstruels ?
Il est assez courant de ressentir des symptômes avant ou pendant les règles, notamment des sautes d’humeur, de la fatigue et des douleurs à la tête, au dos, aux seins et au ventre. Certaines souffrent aussi de symptômes digestifs comme des ballonnements et des diarrhées. Avec une MICI, les diarrhées prémenstruelles ou pendant les règles peuvent être plus fréquentes. Cela ne doit pas être une source d’inquiétude mais n’hésitez pas à en parler à votre médecin gynécologue ou gastro-entérologue.
Source : Bernstein MT et al. Gastrointestinal symptoms before and during menses in women with IBD. Alimentary Pharmacology and Therapeutics. 2012;36:135-44.
Que savons-nous de la ménopause avec une MICI ?
La ménopause est une période de la vie pour laquelle nous avons de plus en plus de reconnaissance. Toutefois, dans le cadre des MICI, ce sujet est à ce jour très peu documenté.
Ce que nous savons :
Il semblerait que le déséquilibre intestinal puisse amplifier les symptômes qui peuvent être ressentis durant la ménopause.
Par ailleurs, la ménopause, tout comme les MICI, entraînerait la diminution de la production d’acides gras à chaîne courte (qui jouent un rôle important pour la santé de l’intestin) et favoriserait la déminéralisation osseuse (mécanisme naturel qui est favorisé par les MICI, notamment la maladie de Crohn).
Ainsi, pour prévenir la diminution de la production d’acides gras à chaîne courte, il est recommandé d’intégrer à son alimentation des denrées riches en fibres afin de stimuler leur production. Parlez-en à un diététicien formé aux MICI ou à votre gastro-entérologue. Concernant la déminéralisation osseuse, l’apport en calcium et en vitamine D est à surveiller, et il est bon de pratiquer une activité physique régulière !
Nous vous tiendrons informée au fur et à mesure de l’enrichissement de cette sous-rubrique.
Sources :Diminution d’acides gras à chaine courte https://www.omni-biotic.com/fr-fr/blog/menopause-microbiote-intime/ Déminéralisation osseuse
https://www.cregg.org/espace-patients/my-mici-book/la-demineralisation-osseuse-au-cours-des-mici/#:~:text=Au%20cours%20des%20MICI%2C%20une,prescription%20d’une%20corticoth%C3%A9rapie%20prolong%C3%A9e.
Y a-t-il un lien entre MICI et endométriose ?
L’endométriose est une maladie gynécologique inflammatoire et chronique fréquente qui touche près de 10 % des femmes. Elle se caractérise par la présence, hors de la cavité utérine, de tissu semblable à celui de la muqueuse de l’utérus (appelée endomètre). Elle évolue de la puberté à la ménopause. (Ameli.fr)
Les MICI et l’endométriose partagent un même spectre de symptômes, notamment digestifs, et entraînent toutes les deux un dérèglement du système immunitaire. Nous savons qu’une patiente atteinte d’endométriose a plus de risques de développer une MICI. Par ailleurs, en cas de MICI bien contrôlée sous traitement mais restant symptomatique, une endométriose peut être évoquée et recherchée.
Selon une étude récente, l’endométriose ne semble pas aggraver l’évolution de la MICI. Il semble même que les patientes MICI exposées à l’endométriose ont une évolution moins sévère de la MICI et ont moins recours aux traitements immunosuppresseurs ou aux biothérapies. Un accompagnement pluridisciplinaire peut dans ce cas être privilégié afin de contrôler les symptômes et améliorer la qualité de vie.
En résumé, si vous avez une MICI, il n’y a pas de raison de s’alarmer concernant le développement d’une endométriose. Toutefois, dans le cas où une endométriose est diagnostiquée, un suivi régulier par un gynécologue est vivement recommandé afin qu’elle soit rapidement prise en charge.
Source : Louise Méheut. La coexistence d’une endométriose et d’une MICI modifie-t-elle le phénotype et le pronostic de la MICI ?. Sciences du Vivant [q-bio]. 2023. ⟨dumas-04235414⟩
Symptômes des MICI Homme / Femme : même combat ?
Si l’écart n’est pas important, il n’en demeure pas moins que les femmes sont sensiblement plus touchées par les MICI que les hommes : 53% VS 47%. Celles-ci sont davantage concernées par la maladie de Crohn, quand les hommes sont un peu plus fréquemment touchés par la rectocolite hémorragique. Les délais de diagnostic, voire les erreurs de diagnostic, sont plus fréquents chez les patientes femmes que leurs homologues masculins…Un sujet sur lequel l’afa s’engage !
Côté symptômes, pas de grande différence chez les deux populations, selon l’étude de Sempere et al (2023). Néanmoins, les femmes atteintes de MICI sont plus susceptibles d’éprouver des symptômes extra-intestinaux, et de souffrir du syndrome de l’intestin irritable (SII).
Pour les femmes atteintes de maladie de Crohn, on note également un risque plus élevé de présenter une incontinence, une faiblesse et des douleurs articulaires. Par ailleurs, certaines études mettent en évidence que le déséquilibre du microbiote intestinal peut altérer l’équilibre hormonal chez la femme.
Les femmes atteintes de MICI peuvent présenter des fistules recto-vaginales (c’est-à-dire une communication anormale s’établissant entre le rectum et le vagin au travers de la cloison recto-vaginale). La maladie de Crohn représente la deuxième cause de fistules recto-vaginales. Ces fistules sont responsables de fuites de gaz ou de selles par le vagin, des écoulements de pus et des infections, avec un impact majeur sur la qualité de vie des patientes concernées. Les immunosuppresseurs n’étant pas suffisamment efficaces, le principal traitement de ces fistules reste les anti-TNF qui permettent une fermeture complète clinique dans environ 40% des cas.
Néanmoins, on tient à vous rassurer : ces fistules recto-vaginales ne concernent que 3 à 4 % des femmes atteintes par les MICI.
Sources : Stjernman H et al. Unfavourable outcome for women in a study of health-related quality of life, social factors and work disability in Crohn’s disease. European Journal of Gastroenterology & Hepatology. 2011;23:671-9. ;
Sempere L, Bernabeu P, Cameo J, Gutiérrez A, García MG, Fe García M, Aguas M, Belén O, Zapater P, Jover R, van-der Hofstadt C, Ruiz-Cantero MT. Gender Biases and Diagnostic Delay in Inflammatory Bowel Disease: Multicenter Observational Study. Inflamm Bowel Dis. 2023 Jan 31 [Epub ahead of print]. doi: 10.1093/ibd/izad001. ;
Les hormones et leur rapport avec l’intestin (2024). https://www.omni-biotic.com/fr-fr/blog/hormones-et-intestin/Le Baut, G., Viennot, S. (2018). https://www.jle.com/fr/revues/hpg/edocs/fistule_recto_vaginale_liee_a_la_maladie_de_crohn_312641/article.phtml#:~:text=La%20maladie%20de%20Crohn%20repr%C3%A9sente,cas%20d’atteinte%20rectale%20associ%C3%A9e.
Existent-ils des études MICI centrées sur la femme ?
Si les femmes représentent 50% de la population mondiale, celles-ci restent encore trop négligées par la recherche médicale. Nous recensons ainsi peu d’études sur les MICI des femmes; néanmoins, nous vous en partageons quelques-unes qui nous semblent pertinentes bien qu’un peu datées :
[1] Une étude récente menée en Suède a révélé que comparativement aux hommes atteints de la maladie de Crohn, les femmes qui en sont également atteintes sont plus susceptibles de connaître une maladie à long terme, de toucher une prestation d’invalidité et d’être célibataires. Les femmes ont signalé un impact plus négatif sur leur vie en raison de la maladie de Crohn comparé aux hommes ayant participé à l’étude.
[2] Une nouvelle analyse documentaire effectuée par des chercheurs à l’Université de Toronto a fait une mise à jour de recommandations, concernant la grossesse des patientes atteintes de MICI :
- conseil préconceptionnel : l’issue de la grossesse est meilleure si la patiente reste en rémission pendant la grossesse.
- projet de grossesse ou grossesse en cours : les médicaments utilisés pour traiter les MICI semblent être sans danger pendant la grossesse, à l’exception du méthotrexate et de la thalidomide.
- lors de l’accouchement et de l’allaitement : les médicaments utilisés pour traiter les MICI semblent être sans danger pendant l’allaitement, à l’exception de la ciclosporine. Un autre point clé est que les agents biologiques peuvent être poursuivis jusqu’à 30 semaines de gestation. La prise en charge de la grossesse chez la patiente atteinte d’une MICI doit être multidisciplinaire impliquant la patiente et son partenaire, le médecin de famille, le gastro-entérologue et l’obstétricien.
[3] Une étude a évalué le niveau de compréhension des enjeux liés à la grossesse des femmes atteintes de MICI. Cette dernière révèle que près de la moitié des femmes interrogées (45%) avaient une mauvaise connaissance des problèmes de grossesse liés à la MICI. Cela s’illustre par un certain nombre de craintes vis-à-vis de la grossesse (infertilité, risques liés aux médicaments, possibilité d’anomalies congénitales etc.) qui sont disproportionnées avec les preuves scientifiques actuelles. Les chercheurs sont également préoccupés par le fait que les femmes atteintes de la MICI qui choisissent de devenir enceintes pourraient cesser de prendre leur médicament contre la MICI à cause d’une crainte injustifiée que celui-ci puisse mettre le fœtus en danger.