A la plage

L’été est pour beaucoup synonyme de vacances. La destination préférée des Français, reste le bord de mer avec ses baignades, sa plage et son sable. C’est souvent l’occasion d’oublier les soucis du quotidien et de changer d’environnement.

Quand on prend un traitement il faut savoir programmer ce changement, qui peut favoriser l’apparition de certaines affections, notamment en cas de maladie de Crohn ou de rectocolite hémorragique (RCH). Les MICI ne constituent absolument pas un obstacle pour profiter de la plage, mais pour éviter des désagréments inutiles, quelques précautions simples permettent de ne pas gâcher ses vacances.

Le soleil

Le bord de mer et la plage sont l’occasion de s’exposer longuement au soleil, pour faire du sport comme pour se reposer sur sa serviette ! Le risque est de faire une réaction photo solaire. Ainsi un certain nombre de médicaments peuvent inter réagir avec les rayons ultra violets du soleil. Il y a deux types de réaction photo solaire.

La photosensibilisation tout d’abord ; elle  est la conséquence d’une interaction directe entre la lumière et le médicament ; la survenue est très rapide, dès l’exposition solaire. Il s’agit d’une rougeur très superposable à un « coup de soleil » ; elle se localise uniquement dans les zones exposées et dépend donc de votre habillement.

La photo allergie est plus complexe, puisque le produit néfaste qui se forme à partir du médicament sous l’action de la lumière solaire, déclenche une cascade de réactions biologiques impliquant le système immunitaire. D’une part les manifestations surviennent de manière retardée par rapport à l’exposition solaire, d’autre part les zones atteintes débordent largement les zones exposées. Les lésions évoquent plutôt un urticaire ou eczéma. Autant la toxicité est dépendante du produit et assez peu du sujet autant la photo allergie est variable d’un individu à l’autre.

Si cela vous arrive il faut tout de suite ne plus s’exposer. Les UV (rayons ultraviolets) sont de deux types, A et B. La majorité des photosensibilisations sont dues aux UVA ; ils ne sont pas arrêtés par de simples vitres et donc même à l’intérieur vous pouvez rester exposé au risque. Ce risque pour la photo toxicité est proportionnel à la dose de rayonnement reçu mais pas pour la photo allergie, heureusement plus rare.

L’idéal est de prendre des précautions au préalable. La plus simple quand c’est possible est d’éviter les médicaments à risque. Sinon il faut prendre les précautions habituelles de bon sens. Ces précautions d’ailleurs concernent toute la population générale mais en cas de MICI il faut être plus rigoureux. Cela veut dire se couvrir, éviter les expositions trop prolongées tout particulièrement en milieu de journée, heure à laquelle le rayonnement solaire est maximum ; il faut surtout utiliser systématiquement des protections solaires à indice maximal pour les UVA. Mais toutes ces crèmes ne seront jamais aussi efficaces qu’un vêtement et diminuent le risque sans totalement le supprimer. Si vous prenez déjà un médicament que votre médecin vous a signalé comme photosensibilisant, sachez que la consommation excessive de certains aliments, étant par eux même photosensibilisant, augmente ce risque : céleri, persil, boissons contenant de la quinine (célèbres sodas).

D’une façon générale, l’excès d’exposition solaire est néfaste ; il favorise l’apparition de cancers cutanés comme les mélanomes. S’ils ne sont pas traités très rapidement, ils peuvent s’avérer graves. Un environnement très lumineux favorise l’opacification du cristallin et la formation d’une cataracte. Les corticoïdes étant par eux même un facteur de risque il vaut mieux conserver son capital oculaire et porter des lunettes de soleil.

Conseil afa Pour éviter tout risque de photosensibilisation, l’afa conseille une crème suisse très haute protection qui peut être appliquée une à deux fois seulement dans la journée tout en restant très efficace : la crème actinica® de Galderma, à commander auprès de votre pharmacien.

Le bain

La plage est aussi l’occasion de baignades. Il faut rappeler que l’eau de mer n’est pas stérile et que sa concentration en sel peut la rendre corrosive au niveau des plaies cutanées. Ainsi le sérum physiologique contient 9 g de sel par litre, l’océan Atlantique en contient 30 g par litre ! Pour les patients qui ont été opérés récemment ou qui ont des lésions au niveau de l’anus ou du périnée, il faut donc éviter le contact avec l’eau de mer.

Cet interdit peut être contourné dans certaines circonstances. Il ne faut pas hésiter à demander à son médecin de quelle liberté on dispose dans ce domaine. On peut faire une exception si la plaie est petite et facile à rincer. Il ne faut pas hésiter à faire une baignade courte et à emporter une bouteille d’eau destinée à rincer rapidement la plaie et à enlever le sable. Autre situation, si la plaie est recouvrable on peut appliquer un peu de vaseline qui est hydrophobe (qui rejette l’eau) et couvrir par un pansement occlusif le temps du bain. Il faut toujours sécher la plaie après. On dispose désormais de maillots avec des fibres synthétiques qui sèchent très rapidement ; et d’une façon générale il faut se changer rapidement après la baignade pour porter des vêtements secs afin d’éviter toute macération. Si on peut se baigner, on peut aussi faire des sports aquatiques ce qui en cas de plaies périnéales peut se révéler traumatique (ski nautique et jet ski). Il faut toujours être revêtu d’une combinaison étanche en néoprène.

La plage et la piscine

Ne croyez pas qu’on vous recommande de rester couvert de crème, sous le parasol loin de l’eau. Mais avec les précautions précédentes, assez peu contraignantes, vous ne gâcherez pas vos vacances tant attendues. Et puis à rester dans votre coin, cela ne vous met pas à l’abri des soucis. Ainsi plage et bords de piscine exposent aux mycoses. Les patients prenant des corticoïdes y sont un peu plus soumis que les autres. Alors profitez de la plage et de la piscine, mais avec des tongs. C’est aussi une bonne façon d’éviter la contamination par des verrues plantaires, parfois difficiles à guérir notamment lorsque l’on est sous Imurel. Pensez à vous rincer les pieds et à bien les sécher.

En cas de stomie

Il y a enfin le cas des patients porteurs de stomie. Il faut partir en vacances avec un stock suffisant de poches. En cas de baignade, la plaque qui est accolée à la peau reste souvent adhérente moins longtemps ce qui n’est pas un problème si les règles habituelles sont bien suivies. Il faut donc partir à la plage avec un change et ne pas oublier que les plongeons et les vagues peuvent décrocher la poche dans les appareillages avec poche amovible. Un petit truc simple est de disposer de plusieurs maillots identiques ce qui permet, d’éviter le questionnement de l’entourage lorsque l’on se change systématiquement après le bain. Pour les femmes le maillot une pièce est la solution la plus classique ; pour les hommes les maillots tailles hautes sont plus adaptés que le slip de bain. Comme ces shorts de bain ne sont pas toujours autorisés en piscine, il suffit souvent d’aller directement voir le maître nageur pour lui signaler ce problème et vous serez surpris de constater la bienveillance habituelle et la compréhension des personnels.

La chaleur et une sudation peuvent favoriser le décollement de la poche ; il est toujours utile de disposer de teinture de Benjoin de façon à bien sécher la peau avant d’appliquer une nouvelle poche. Une taille réduite, changée après le bain permet de se baigner plus facilement. Rappelons que les poches sont étanches et que l’eau de mer n’y pénètre pas ; il faut simplement protéger le filtre ou mettre une poche sans filtre.
Si vous souhaitez des informations complémentaires, n’hésitez pas à contacter notre référent via l’adresse stomie@afa.asso.fr

En bref

Toutes ces précautions sont finalement assez simples ; en les adaptant à votre situation cela vous permettra de passer un été tranquille au bord de la plage. Rappelez-vous qu’en cas de nécessité, une consultation dans le cadre du parcours de soin est toujours possible lorsqu’elle est faite loin de votre domicile ce qui est souvent le cas en vacances. N’oubliez pas que si pour aller au bord de la mer vous prenez l’avion, les médicaments sous forme de suspension doivent en théorie être mis en soute. Si vous préférez les emporter en bagage à main, vous devez vous munir de votre ordonnance, d’un certificat de votre médecin éventuellement en deux langues française et anglaise pour pouvoir franchir les contrôles de sécurité sans difficulté.

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